IHEDN
Cette semaine, mes articles seront un peu inhabituels car ils ne seront pas le résultat de ma recherche mais plus sur ce qui m’est permis d’apprendre cette semaine durant.
Je vais vous faire part de mes réflexions et apprentissages collectés lors du 93ème séminaire de l’IHEDN, l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale.
Basé à Paris, l’IHEDN est un institut de formation interministériel, dépendant de l’autorité du premier ministre, et dont les activités se focalisent sur les questions de défense au sens large. « Défense » ne doit pas être compris au sens purement militaire mais doit intégrer les dimensions économiques, culturelles, industrielles mais aussi toutes les questions d’affaires étrangères. Le but de l’IHEDN est ainsi de développer l’esprit des populations aux questions de défense et de les sensibiliser aux affaires internationales.
Je participe ainsi à une séminaire jeune, le 93ème organisé depuis 20 ans, qui se déroule à Paris. Les participants ont entre 20 et 30 ans et représentent des corps de métier aussi variés que membres du clergé, militaire de l’armée de terre et marine, consultants en sécurité, étudiants, et dans des domaines tels que l’industrie de défense, l’énergie ou encore les administrations régionales. Basé sur trois piliers (conférences, visites et travail de comité), les séminaires jeunes tentent de renforcer la cohésion nationale (on va y revenir) et la citoyenneté, ainsi que d’encourager la réflexion des jeunes participants sur des questions liées à la sécurité de la France (de nouveau, à comprendre au sens large).
Voici quelques enseignements ou citations qui m’ont marquées lors de ce premier jour de séminaire :
- On parle de libéralisme économique aujourd’hui. Mais en vue du discours qui est tenu par les médias et les gouvernements, sur la compétitivité, les parts de marché et les monopoles, la situation correspond plus à des circonstances mercantilistes.
- Il ne peut faut pas perdre de vue l’histoire des religions et la théologie lorsqu’on aborde les relations internationales. On voit d’ailleurs que l’histoire de l’Orthodoxie, par rapport au schisme chrétien d’Orient et d’Occident, ainsi que la Trinité influencent Poutine aujourd’hui. Parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, seule la France ne comprend pas l’importance des religions sur la scène internationale en ne possédant pas une religion d’Etat. Au nom de la laïcité, on en oublie l’influence des codes religieux, des valeurs et principes qui en découlent et qui régissent la conduite des gouvernements.
- Dans les théories géopolitiques notamment (Mahan, Mackinder et autres), les puissance maritime et terrestre s’opposent dans leur lutte pour contrôler le monde. De ce fait, on pense souvent qu’une puissance ne peut que l’un ou l’autre – une puissance maritime OU une puissance terrestre. Or les deux catégories ne sont pas inconciliables et sont en générales interdépendantes. Une puissance maritime a nécessairement un appui terrestres solide qui permet les ambitions maritimes. Par exemple, la marine britannique n’aurait pu se développer sans la fertilité du bassin de la Tamise qui a permis la production agricole qui finance les navires et les explorations. De même, la France, du fait de son identité et tradition agricoles, peut espérer avoir une présence océanique grâce à ses ressources vivrières et mercantiles. La France est ainsi une puissance terrestre de par sa position géographique et son histoire, mais aussi maritime du fait de ses côtes, de ses territoires d’outre-mer, de l’étendue ses eaux territoriales (deuxième derrière celle des Etats-Unis).
- La France a un sérieux problème de renseignement, car c’est inévitablement ce qui diminué lors des restrictions budgétaires.
- Internet est aujourd’hui la première source d’information contre les djihadistes qui utilisent des plateformes en lignes pour le recrutement et communiquer entre eux. Leur couper internet serait une catastrophe car ils n’auraient plus intérêts à maintenir cette ligne de communication en bonne état et pourraient ainsi menacer nos infrastructures en détruisant les câbles relais. Nous perdrions ainsi notre source de renseignement sur leurs activités ainsi que la capacité de communiquer et d’organiser notre lutte contre eux. Couper internet aujourd’hui équivaudrait ainsi à la fermeture des bordels d’antan, qui étaient la source d’information première pour les policiers.
- Le monde est plus pacifique que jamais. Malgré les perceptions nourries par les médias, l’immédiateté de l’information et du discours des experts, les menaces et les décès liés aux conflits sont minimes par rapport à des périodes précédentes. Les conflits sont principalement interétatiques, les conflits sont moins long (seulement 1 conflit sur 5 dure plus de 5 ans). De plus, l’Europe est particulièrement exemptée, et 78% des décès liés à la guerre prennent place dans 5 pays dont l’Afghanistan, la Syrie et l’Iraq.
En plus des conférences, nous avons aussi été répartis en comité afin de se pencher sur une problématique auquel nous devons apporter des solutions envisageables par le gouvernement afin d’y faire faire. La problématique de mon comité est la suivante : « En quoi le retour à un dispositif de mobilisation tel qu’un service national peut-il répondre au sentiment perçu d’un délitement de la cohésion nationale ? »
Et vous, qu’en pensez-vous ?
flora